Lire et interpréter « Le rêve de la gouvernante française », une enquête

Les Cahiers d’Artes n°18, direction Pierre Sauvanet

Le rêve de la gouvernante française est une planche de bande dessinée muette qui a été envoyée à Freud par son confrère Sandor Ferenczi, qui lui-même l’avait trouvée dans une revue satirique hongroise intitulée Fidibusz. Elle est publiée dans la célèbre Interprétation des rêves de Freud et a donné lieu à de nombreux textes, dont l’un des plus célèbres est celui d’Otto Rank sur l’origine onirique des mythes. Mais peu de personnes savent réellement l’histoire de cette œuvre, qui est son auteur Nándor Honti. Cet artiste, est né en 1878 en Hongrie et mort en 1961 aux États-Unis. Bien que sa vraie identité ne soit pas mentionnée dans L’interprétation des rêves, Freud et Ferenczi la connaissaient. Suite à l’enthousiasme de Freud, Ferenczi prit contact avec Honti, qui offrit par la suite certains de ses dessins à Freud. Honti présenta également son travail au Congrès international de psychanalyse en août 1918 à Budapest.

Nándor Honti était un voyageur, un homme éduqué. Peut-être même qu’il connaissait l’expression autrichienne « schiffen », synonyme d’uriner, et qu’elle lui a inspiré le gag de la gouvernante. Sa biographie atteste qu’il a vécu à Paris à partir de 1901, puis aux États-Unis de 1903 à 1906, période durant laquelle Winsor McCay publiait trois planches de récits de rêves par semaine ! Deux planches des Cauchemars de l’amateur de fondue au Chester paraissaient le mercredi et le samedi dans le New York Evening Telegram, et un épisode de Little Nemo in Slumberland sortait tous les dimanches dans le New York Herald. Ces chefs-d’œuvre du maître de la bande dessinée nord-américaine ont, de toute évidence, influencé les planches de rêve de Nándor Honti parues dans Fidibusz.

À commander sur le site de l’éditeur.

Le dessin de couverture et de l’affiche est extrait de L’Œil-livre.

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